La décision d'une FIV ICSI
- enorabel
- 26 juin 2015
- 6 min de lecture
Aller....c'est formidable !
Vous avez décidé de vous lancer dans l'aventure et créer, voire agrandir, une famille !
Ca va être facile, tu as déjà un enfant d'un "premier lit " (si, ça se dit comme ça), tu sais comment ça marche !
Un bonheur pareil, une joie si indicible ça donne des ailes !
On fait des plans, on calcule déjà son congé mat', on a des idées de prénoms et on fait même le compte des copines qui peuvent prêter vêtements de grossesse ou des accessoires de puériculture
....oui ça va si vite ! Autant être prête !

ETAPE 1:
Phase "molle" : Un enfant ça se fait presque en claquant des doigts !
Alors on se laisse vivre, hein....trop de boulot, on s'endort devant la tv, la durée de vie d'un spermatozoïde étant de 72h, on ne fait l'amour que deux fois par semaine...on attend que ça vienne. Zen.
Mais en 6 mois, ça vient pas !
ETAPE 2 :
Phase "d'éveil" : Pas de résultat, après 30 ans la fertilité chutant, mieux vaut consulter et ne pas perdre de temps.
La remarque amusée de la gynéco serait presque drôle : "il faudrait s'activer plus que ça! 2 fois par semaine, ça n'est pas suffisant ma p'tite dame ! "
Il faut donc passer en "vitesse Kim K." : lors de la conception de North, elle se vantait auprès de sa soeur sur son show de télé-réalité, de "faire l'amour 500 fois par jour".....Alors nous aussi, on s'y met !
Et pendant des mois, nous voilà transformés en athlètes ultra-performants du kamasutra, à faire l'amour 3 fois par jour, même hors ovulation, "parce qu'on ne sait jamais" ! Et si en plus on se réveille la nuit, on gagne des points !
On performe. Et comme de bons athlètes, on note les scores, on fait des stats, on prend la température, on change les régimes alimentaires et on se met au Bio.....
Ca se transforme en une discipline militaire!
Et la terrible sanction des règles retombe comme un couperet chaque mois. Les larmes viennent.
Tiens....ça sent pas la dépression là?
ETAPE 3 :
Visiblement, le sexe seul ne suffit pas, il faut sûrement un coup de pouce.
Alors on écume les sites indiquant différentes façons de booster sa fertilité, et on essaie TOUT :
homéopathie, arrêt des boissons alcoolisées (si ! t'es motivée? ), relaxation, sport, wiccaning, ....passage chez l'endocrinologue pour un bilan complet. RAS.
Même les prières à Ste Rita (patronne des causes perdues) n'apportent pas de résultat.
Mes deux grand-mères ont eu respectivement 6 et 7 enfants.....la génétique devrait de mon côté!
Et si cette vieille peau de vache de généraliste avait raison : si, comme elle (qui a 52 ans) j'étais trop vieille ? (ben oui, 6 ans d'études, tu fais pas des bébés tout de suite!)....
....ou qu'on m'ait tellement massacré à mon premier accouchement que je ne puisse plus retomber enceinte? La sensation d'impuissance monte.
Il faut se rendre à l'évidence, il faut consulter. Et du lourd !
ETAPE 4 :
On va consulter un spécialiste "de la fertilité", mais en fait, "de la stérilité" (c'est pour pas t'angoisser encore plus).
Où ? Avant de choisir un médecin, on se renseigne !!!
Et on ne fait pas comme moi, en prenant la clinique d'à coté (sur le conseil de la gynéco qui y a ses copains), sous prétexte qu'on la connait bien, que c'est pas loin et pratique.
NON.
On choisit son hôpital comme on a choisi son Ecole de Commerce ! Donc d’abord, on regarde les classements dans un grand journal, on est là pour avoir du résultat non ?
http://www.fiv.fr/palmares-centres-fiv-express/
Et on gagne 1 an (voire 10, si j'en crois l'amie d'une amie, qui rame dans le meme hôpital depuis tout ce temps), et si en plus on évite les dépassements d'honoraires.
Sinon, tu choisis une clinique privée.....
Et on emmène Monsieur faire son spermogramme ("t'inquiète pas hein, ça fait pas mal, c'est pas une hystéroscopie! En plus t'aura un Penthouse et un porno gratuit"!), alors.....
ETAPE 5 :
La baffe.
Le terrible verdict de la stérilité est tombé et avec, un terrible sentiment d'injustice et d'incompréhension. Pourquoi nous ?
Comment un homme de moins de 30 ans bien portant, ni alcoolique, ni travailleur du nucléaire, peut-il être stérile?
Mais cela représente en fait "60% des cas d'infertilité du couple".
Et là, on se met à rechercher les causes pour envisager des actions correctives:
est-ce le manque d'activité, une anomalie génétique, un choc aux testicules pendant l'enfance, radiations, un perturbateur endocrinien ou un polluant, un canal bouché?
http://fertilite.comprendrechoisir.com/comprendre/sterilite-homme
Après une batterie de tests et une enquête familiale, on n'en saura pas plus.
Il faut accepter la réalité (tiens, et arrêter de faire l'amour 10 fois par jour parce que finalement...on n'a plus le moral....ça sert trop à rien....).
Résultat : oligo, asthéno, tératospermie....
"Chuis sûre que c'est à cause de ton micro-onde!"...bref, tout le monde est cuit de chez cuit dans cet échantillon, pas étonnant qu'ils ne trouvent pas leur chemin.
ETAPE 6 :
La réflexion.
Ca fait plus d'un an et demi qu'on essaie de faire un bébé.
Une mission Biblique qui patine, mais qui devait pourtant, à la base, être à la portée totale de n'importe quel Cromagnon bien portant.
Mais il semble que la nature ait rattrapé Cromagnon pour lui rappeler violemment qui dirige encore le monde: en tout cas c'est plus lui !
Remarque : Inutile de l'accabler de reproches, il n'y a pas de SAV !
Notre culture du résultat, de l'efficience et du dépassement de soi s'en charge déjà.
C'est l'inconnu.
Comment faire pour que vienne ce bébé ? En a t-on toujours réellement envie (on a déjà un chat) ?
Faut-il réellement qu'il vienne? Si on brusque la nature et que l'on en détourne ses voies, ne va t-on pas risquer de créer une abérration ? Quel en sera le prix à payer ?
4 options dans cette réflexion s'offrent à toi :
- Envisager une grossesse d'une façon ou d'une autre (FIV, IAD, don d'embryon)
- Adopter (avec tous les à prioris qu'on a, ça n'est pas possible)
- Se séparer (si parce que tu verras qu'à force de regretter, l'amour fait très vite place à la rancoeur)
- Poursuivre sa vie ensemble, en pansant toute sa vie cette plaie d'amour béante, trouvant des subterfuges pour détourner notre attention et oublier ce petit être qui ne viendra jamais. Tiens, un autre chat....
ETAPE 7 :
En toute logique, on écoute le docteur, on est motivés, on va tenter la 1ere étape, sans aucun matériel génétique "emprunté" : La Fécondation In Vitro avec Injection Intra-Cytoplasmique de spermatozoïde...oui....FIV-ICS.
Les spermatozoïdes étant "défectueux", un technicien biologiste va devoir les trier et choisir les moins amochés, pour féconder mes ovules dans un labo. Glamour ! Et je préférais l'étape 2 !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Injection_intra-cytoplasmique_de_spermatozo%C3%AFde
Ca a l'air simple comme ça, quand on écoute le médecin débiter le processus, mais c'est un véritable calvaire qui s'annonce là.
Une torture auto-infligée au long terme, qui va demander un changement de vie; un renoncement de soi, une acceptation totale de la douleur ; la volonté de supporter l'échec et la souffrance qu'il apporte.
Mais quand on ne sait pas, on y va la fleur au fusil....et on croit qu'on va pouvoir continuer à sortir, faire du sport, avoir une vie sexuelle spontanée, voire même ...continuer à marcher....avoir une vie normale quoi.
Nan mais il y en a qui y arrivent hein ! Pas moi.
pour finir avant de débuter ton aventure :
CE QU'IL FAUT SAVOIR SUR LA FIV ICSI : LES EFFETS A LONG TERME
Plusieurs types de risques sont à envisager pour le bébé :
Une publication du New England Journal of Medicine (mars 2002) révèle que les enfants issus d’une PMA avaient 2,6 fois plus de risques de naître avec un risque :
- d' un poids anormalement bas
- de prématurité (12.2 %,contre 5.6 % dans la population d'enfants conçus naturellement),
- de mortalité périnatale (18.6 %«contre 12.3 %)
- de mortalité infantile (14.3 %o contre 9,7 %)
- de malformation majeure (5,9% contre 3,6%)
- d'anomalie chromosomique (3% contre 0,3%)
- de malformation congénitale (4.3 %, contre 2.5 % )
ah oui, et toi, tu risques d'avoir un placenta praevia, qui t'empeche de marcher, prendre tout type de transport, faire une hémorragie à n'importe quel moment sans pouvoir accoucher naturellement (placenta trop pres du col pour qu'il s'ouvre) et en mourrir sur le chemin de l'hôpital.
Voilà, maintenant tu sais....pas comme moi, qui découvre ça à 7 mois de grossesse, FIV accomplie, fausses couches multiples, avec un placenta praevia, immobilisée depuis plus de 5 mois déjà, laissant grandir en moi ce trop petit maelstrom de statistiques épouvantables.
Et quoiqu'il advienne, j'entendrai "Tu l'as voulu, tu l'as eu".....mais avais-je le droit de vouloir imposer de tels risques à cette petite vie qui n'a jamais demandé à naître ? Qui, si elle s'en sort, aura toujours cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête.....
Et toi? tu vas faire quoi ?
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