Jeu de l'oie de mes procédures FIV-ICSI

Tu as choisi de parier sur les compétences de l'équipe médicale, la résistance du matériel génétique de ton partenaire et....la loterie génétique, malgré les statistiques peu encourageantes annoncées par le médecin. C'est parti !

Cette page va plaire à celles qui sont déjà en traitement, vous allez pouvoir comparer vos ordonnances et les processus. Une de mes amies, qui a subi une IA dans une clinique Parisienne, avait un protocole assez semblable au mien. Pas de jalouses, toutes les formules fonctionnent !Depuis le temps qu'ils fabriquent des bébés ces gens là!

LA PROCEDURE

Le rdv préliminaire

Là, tu sauras si votre dossier médical plaît ou non au médecin. Risques-tu de faire chuter ses statistiques ?

Il t’ explique que t’ es en général trop vieille (plus de 30 ans), mal foutue (utérus rétroversé, cicatriciel….), ou que ton mec va leur donner beaucoup de fil à retordre.

On vous énonce les alternatives, et qu’en gros adopter c’est bien aussi, sauf qu’en France les délais sont longs (plus de 5 ans), donc il faut mieux faire un dossier tout de suite !

Tu te dis que quand t’étais une princesse dans ton château rose, ton prince Charmant allait te faire une floppée d’enfants sur la selle de son cheval blanc….mais que là, il faudrait aller au village d’à côté voir si des paysans n’auraient pas abandonné un ou deux rejetons.

C’est hard.

Changer de perspective, alors que depuis toute petite tu as déjà une idée très précise de la façon dont ta fille sera coiffée, est un défi psychologique très personnel.

Ta vie va être différente. Et même si Hollande en a fait son slogan, en général on n’aime pas trop le changement, surtout quand il nous touche au plus profond de nous.

On va te balancer des statistiques encore plus improbables que celles de toucher le Quarté dans le désordre : 15 % de chances pour une ICSI par exemple….

NE LES ECOUTE PAS, les médecins ne sont que des garagistes ! Un coup ça peut le faire, un coup t’es trop pourrie !

Tant que tu n’as pas essayé, tu ne seras pas fixée ! Il ne vous connaît pas encore, il n’a pas que peu d’analyses sur vous !

Mais , tu sors de là, tu pleures. Parce que t’es humaine.

Le rdv de CONSENTEMENT

Au vu des analyses, ça va le faire, le docteur va te faire une ordonnance pour démarrer la stimulation.

Tu vas avoir des papiers, des décharges à signer, un accord pour le replacement embryonnaire ….Nouvelle loi, depuis le 1er janvier 2014 il faut l’accord de Monsieur pour le replacement.

Oui si vous vous séparez, tu ne peux pas disposer des embryons qui surgèlent depuis ta dernière ponction….il faudra trouver quelqu’un d’autre ou aller à l’étranger.

On te redonne tes statistiques pourries, mais on omet de te dire que la stimulation va certainement te mettre à terre. Cela dépend des protocoles sur lesquels le service PMA s’est mis d’accord et de ta sensibilité.

PERIODE DE STIMULATION

Bienvenue au Boot Camp de la fertilité.

​Ton objectif : te transformer en poule pondeuse.

Il va falloir adopter une discipline militaire, et une hygiène de vie irréprochable.

Tu la veux cette FIV oui ou non ?!

Alors tu commences à vivre comme si tu étais enceinte.

Oui t’adores cloper, le vin c’est ta passion et le gras c’est la vie ; MAIS là, si tu veux du résultat, va falloir la jouer « bonne sœur » !

Bonne sœur militaire quoi...(ça tombe bien Marie-Madeleine, t’as plus besoin d’avoir des rapports sexuels pour faire ton bébé, alors prie devant ta tisane !)

Il faut déjà se mettre en phase avec le papa.

A t-il des horaires variables?

Partira t-il en déplacement au moment de la période de stimulation ? Peux-tu compter sur lui pour les piqûres ?

Sinon, il va falloir trouver une infirmière libérale, ou un cabinet près de chez toi; et une baby sitter si tu as déjà un autre enfant.

Mais tu vas sûrement avoir besoin d'aide, il ne faut pas commencer ce traitement seule.

Mon traitement de stimulation a été la chose la plus difficile de ma vie en clinique, alors qu’à l’hopital c’était limite de la rigolade (mais je revenais de loin du coup). J’ai passé des jours au lit, incapable de marcher ou de me tenir droite. Je n’ai jamais connu une douleur aussi forte, même post partum….et je sortais d’une hernie discale qui a durée 2 ans et demi !

Le protocole ne me convenait pas, mais c’était le seul dans cette clinique. Il a donc fallu subir en pleurant.

Si tu es sensible, tu peux avoir la malchance de faire une hyperstimulation, genre faire 40 follicules.

Mais tu vas t’en rendre compte tout de suite avec la douleur, tu fais comme on t’a dit : fonces aux urgences.

DOSAGES & MEDOCS j'indique le protocole qui a fonctionnée pour moi, c'est plus sympa.

- SYNAREL : 2 pchit matin et soir à partir du 1er jour des règles (ça brûle un peu les sinus, mais c'est pas grave "c'est pour la bonne cause"!) jusqu'à la prise de MENOPUR; après 1 seule le matin.

- MENOPUR 75UI : une injection à 18h de 375 UI . ça brûle sous la peau pendant 15 min, après ça disparait.

- OVITRELLE 250 : seringue pré remplie, injecter entre 21et 24h

- MONAZOL: à mettre la veille de la ponction (comme ça t'es clean de partout)

- PROGESTAN G 200 : 2 comprimés en intra-vaginal pendant 20 jours.

- ACIDE FOLIQUE 0,4 mg : 1 par jour pendant 1 mois

PROTOCOLE

- Au 12eme jour de SYNAREL , rdv a l'hopital pour un dosage hormonal et une échographie pour voir s'il y a des kystes et comment les ovaires réagissent

- Faire la pré-admission à l'hopital pour une entrée 10 jours plus tard.

- Après feu vert de l'hopital dans la journée, injections de MENOPUR à 18h pendant 5 jours + Synarel

- Au 6eme jour de MENOPUR, retour à l'hopital pour dosage hormonal et échographie éventuelle

- On recommence jusqu'à ce que les bilans soient satisfaisants et là, l'hopital demande l'injection d'OVITRELLE pour le soir même et confimre la date et l'heure d'admission au bloc

- on n'oublie pas de mettre son MONAZOL le soir avant de se coucher.

On apprend à se connaître. J'ai tout de suite su que je n'aurais jamais pu être toxico.

Incapable de piquer dans mon propre ventre (qui aurait envie de s'enfoncer un truc pareil près du nombril (sans être un adepte ferru de SM Donjon Shades of Grey ?).

Dur de se piquer soi-même; y'a des balaises blasées qui y arrivent.

Moi c'est un geste perçu comme une auto-mutilation et mes freins psychologiques m'en empêchent. C'est donc Chéri qui a dû s'en charger. Et il avait intérêt à viser juste !! La vache!!

Je tiens à repréciser que je suis une fiotte, parce qu'à côté, certaines filles se font elles-mêmes leurs injections au bureau en toute discrétion !

Il ne faut pas piquer 2 fois au même endroit.

Moi j'ai pris l'habitude de couvrir chaque piqure avec un sparadrap pour éviter le problème.

Pas facile là aussi, car cela demande une certaine logistique.

Les injections doivent être faites à heure fixe et le liquide doit etre conservé au frais.

Alors si tu dines chez des potes, viens avec ta glacière, tes seringues, ton désinfectant.

Ah oui, et comme certaines injections brulent, prévois un coin pour t'allonger et récupérer juste après.

Mon conseil, reste chez toi. Pour que ça brûle moins, on m'a dit d'attendre que le désinfectant sèche, mais je n'ai pas vu beaucoup de différence.

Ton ventre enfle. Tu te sens mal, pas à l’aise et fatiguée (voire à moitié suicidaire si tu es sensible), plus DU TOUT envie d'aller au cours de Pilates et plutôt une GROSSE envie de mourrir, ce qui est totalement contradictoire avec ta mission première! Mais tu n'y peux rien, ce sont les hormones qui ont pris le contrôle de ta vie.

C’est devenu compliqué pour les câlins, mais ça tombe bien, on va demander à Monsieur de faire une abstinence de 3 à 5 jours avant chaque recueil ; histoire de fournir du matos sympa.

Autant le briefer avant le processus ; au cours d’une FIV, c’est le médecin qui maîtrise notre vie sexuelle. (voir mon post sur les idées reçues).

Minou au repos, il morflera bien assez tôt !

Donc tisane, et tout le monde au lit.

Bon mais toutes ces hormones que tu prends, tu vas pas finir avec un cancer ?

Parce que c’est pas ta première stimulation et c’est une dose massive pour l’organisme !

Il semble (maintenant si ces études ont été financées par les labos…on est dans la merde) que cela n’augmente pas le risque de cancer du sein, ni de l’ovaire ; même si les femmes stériles ont un risque naturel plus élevé de cancer de l’endomètre et de l’ovaire ; mais ce risque diminue si la FIV permet un accouchement. Pas de cancer du col utérin, puisque ça, c’était le travail de tes ex : c’est d’origine virale ! Donc aucun lien avec l’AMP ! Dors tranquille avec ta tisane !

Tu vas retourner souvent faire tes bilans sanguins et tes échos, souvent plusieurs jours de suite.

Il faut arriver tôt. Prévenir ton back-up au travail et prévoir de quoi s'occuper en attendant.

C'est qu'il y en a du monde !! La PMA, ça marche de mieux en mieux malheureusement!

Certaines viennent avec un bébé déjà en poussette.....sous le regard tantôt désespéré et envieux, tantôt amusé des autres filles, "mais pourquoi elle est là celle-là, elle en a déjà un ! Qu'elle nous laisse la place!".

Ne pas zapper: le RDV AVEC L'ANESTHESISTE !

Mon aîné était en pleine varicelle, je devais le garder à la maison, mais il a bien fallu y aller!

Il a mis un masque, s'est désinfecté les mains, et hop, direction le bureau de l'anesthésiste.

Tout ça pour ça....aller à l'hosto, le bide entre les mains, mal mal mal, avec un gamin qui couine, tout ça pour dire que t'as pas de tatouage ni d'allergie....fait chier hein.....

LA PONCTION

RDV en général vers 7h à l’accueil du bloc opératoire la tête dans le pâté. La veille, tu as bien pris ta douche à la Bétadine, ou du moins tu es savonnée de partout.

Ni vernis ni maquillage (t’es pas là pour ça).

Tu souhaites « bonne chance » à Chéri qui part faire son « recueil », un gobelet à la main à l’autre bout du couloir. Il n’a pas intérêt à tout mettre sur ses pompes, parce que sinon il faudra congeler les ovules.

Tu mets ta tenue « cul nul » et tu attends en grelottant sous un drap blanc que ton brancardier arrive. En général il est sympa, en poussant ton brancard, il fait la causette, lui aussi il a tête dans le pâté.

Puis arrivée au bloc, on attend un retardataire (là c’est comme au bureau « ah j’arrive de Magny, y’a des travaux, vous connaissez ? ». On te perfuse, on place le cathéter.

Il y a du monde dans cette salle, mais là, tu te sens très TRES seule.

Tu repenses à ce parcours, à ton ventre tout enflé, à Chéri qui s'astique le palmier pas loin (c'est pas juste d'être une fille hein?), aux dangers de l'anesthésie, à ton grand bout'chou qui t'attend à la maison....

...et si tu ne te réveillais pas ? Il va se retrouver sans maman ?! A 6 ans ? Pauvre conne !!

Pourquoi t'as fait ça ? Stop!!

C'est pas grave tu prends des billets d'avion et tu vas faire une IAD en Espagne à la place !!!!!

Dis que t'as changé d'avis !!!!!!

Arretez docteur!!!!!!

Mais là, c'est trop tard..... tu dors!

C’est parti.

Le réveil c’est pas trop ça. Tu te réveilles péniblement, avec un dentier caoutchouc et un tuyau dans la gorge (ça t’a empêché d’avaler ta langue, c’est cool), ta perf, et ton ventre énorme, entre un pépé endormi branché de partout et une mémé qui crie sur les infirmières.

Délicieux. mais je croyais qu'il n'y avait que des PMA ici !? ils ont passé la date ceux là ! Mais ça dépend des hôpitaux, la salle de réveil est un hall de gare.

Des infirmières viennent vérifier ton nom « ah non c’est pas vous pour l’opération de la hanche, pardon ».

Si tu as eu de la chance, on n’a pas coincé ta joue intérieures avec la canule, et t’as pas la lèvre fendue. Oui, y’a des bourrins.

On te ramène dans ta chambre, on vérifie ta perfusion, on te dit deux ou trois mots pour voir si tu émerges bien, puis on laisse te réveiller .

Plus tard, une infirmière vient t’annoncer le fruit de la cueillette du jour : combien tu as produit (« ah c’était pas comme à l’écho, y en avait plus ! »), combien sont moches et combien sont mis en fécondation.

Si tu es sage, après la perf’, tu auras un Doliprane. La chance !

On va pas te mentir, on t’a arraché des ovules hein…on ne les a pas « cueillis » ! Donc t’as mal. Genre t’as des mégas-mégas-règles (un peu comme ta dernière fausse couche).

Si t’es sensible et que t’as pas de bol, tu auras du mal à marcher. Ma voisine de chambre, elle, est repartie bosser ( !!). Elle devait être esclave….

Moi la première fois, j’ai traîné des pieds jusqu’au taxi (pas le droit de conduire) en me tenant le bide a pleines mains. Je ne pouvais pas me déplier.

Chez toi, tu restes allongée. Et dès que tu peux poser raisonnablement le pied par terre, la vie continue.

Détente, positivité totale. Tout un magma d'ombres négatives (hormones+fatigue extrême) s'est emparé de moi, me faisant broyer du noir, augmentant dangereusement les poussées suicidaires. Oui, tu vas peut être porter une vie d'ici quelques jours, mais en attendant la vie est daaaark. Fatigue !!!

Mieux vaut s'entourer de sa copine "Plus-Plus" (la fofolle super positive qui ne voit jamais le mal chez les gens, si, t'en as bien une comme ça), de DVD avec Sandra Bullock (avec des happy ends!!!) et de douceurs anti-dépressive (des bonbecs hein, pas du Xanax!), des Spasfons et des Dolipranes à gogo.

L’ ATTENTE

Là, tes ovules ont été fécondés par la meilleure sélection possible du « recueil » de Monsieur, donc ça devrait bien se passer.

Selon les hôpitaux, cliniques, ils les laissent se développer entre 2 et 5 jours.

Déjà qu'à la base, ils sont pas bien vaillants, mieux vaut les avoir à l'oeil! (si ça se trouve, celui qui a 3 flagelles fera un excellent sprinter, et celui qui a 2 têtes sera Prix Nobel !!)

Plus c'est long, mieux c'est (!) , leurs chances de survie sont plus élevées.

Tu ronges tes ongles et tu cultives ton ulcère.

Et tu fuis les gens qui te disent « meuh ça va bien se passeer ! T’inquiète paaaas » = me saoûle paaas avec ton histoire dégueu !)

Ils ne peuvent pas comprendre, surtout si, en plus, ils sont fertiles !

Pourquoi ça devrait automatiquement bien se passer ?!

Ben oui, on t’as ponctionné 10 ovules, et tes embryons sont tous morts à j+3…..voilà, à part ça, fais ton deuil.

Mais ça n’arrive pas toujours…la preuve : l’étape suivante !

L’IMPLANTATION - Ta TEC (transfert d’embryons congelés)

Ca y est ! L’hôpital a appelé, c’est bon ! rdv demain !

« Sur les 3 embryons qui vous attendent, on peut en congeler un et vous implanter les deux autres ».

Trop la fête ! Ok tisane pour fêter ça !

Les hôpitaux « humains » te font un arrêt entre ta ponction et l’implantation (on veut que tu te reposes et que ça marche, ils aiment leurs stats, si en plus tu peux y contribuer) ; mais certaines cliniques non.

Alors tu vas bosser. Ton bide dans les mains. Mais tu dois ralentir la cadence grave !

Donc il faudra trouver une autre excuse pour ton boulot ou poser un jour « ah oui, mon fils a fait une rechute, il a de la fièvre, je ne vais pas venir les deux prochains jours », « j’ai un dégât des eaux l’expert va passer ne m’attendez pas», « Emmaüs passe prendre le canapé, j’en profite pour ranger »….faut être créative pour défendre son intimité.

Comme la loi française l’oblige, le père a signé avec toi le consentement d’implantation.

Si vous en êtes à votre Xième fois, il va sûrement se défiler parce que c’est chiant (ou avoir un « impératif professionnel vital ») et il peut, car comme il a signé le consentement, tu as légalement le droit d' y aller toute seule.

Si on n’est pas fleur bleue, on peut voir ça comme une simple intervention gynéco (à peine plus équipée qu’un frottis), avec distance. Si tu es assez forte, tu peux y aller seule.

Dur….et assez glauque.

Mais si tu es comme moi, un brin Catho, un brin Wicca, c’est le jour où tu vas recevoir un cadeau très précieux et magique. On va te confier une petite vie. Même éphémère, c'est hyper fort!

C’est pas rien, tu te sens spéciale ! Tu trembles, bon t’as toujours mal au bide, mais tu sens que quelque chose de dingue va arriver. Comme des retrouvailles, le jour où tu as enfin revu ton amoureux qui était parti loin un été ; tu as hâtes mais tu es perdue et émue, t’as peur mais t’as envie d’y être.

Une amie, qui subissait une IA, faisait toutes les étapes avec son mari. Un jour d 'implantation tombait sur un rdv très important de Monsieur au travail. A peine avait-il émi l'idée de chinter le rdv médical pour aller au rdv professionnel, qu'elle le regarde et lui lance : "et on dira à notre enfant que tu n'étais même pas là le jour de sa conception ? "....et il est venu, bien sûr.

Mon Monsieur à moi, lui, n'est pas venu.

Tristesse, solitude, colère. J'ai longtemps pensé à la discussion de mon amie, sa phrase me résonnait dans la tête.

S'il n'est pas là, pourquoi ne pas faire une IAD et arrêter tout ce cirque ?! La douleur s'arrêtera enfin et tout rentrera dans l'ordre ! Tu retrouveras ta vie et ton corps.

Et là, tu te retrouves encore toute seule face à tes choix. Tu reprends ta réflexion depuis le début, tu mesures le chemin parcouru, toutes les analyses, toutes les visites de ton minou par tous ces gens du corps médical, la filiation qui semble être importante, .... ça serait dommage de commencer autre chose alors qu'on y est presque!

Alors le mieux à faire, si tu retrouve seule, c'est d'inviter une copine.

Après tout pourquoi pas ?!

T'as organisé combien d'enterrrements de vie de jeune Fille ? Combien de soirée? d'anniversaires ou d'événements où tes copines étaient là, le verre à la main, prenant par à la fête en chantant ? Tu vas jamais au Hammam avec elles?

Voilà, nous sommes dans l'übber-EVJF, übber-Hammam....médicalisé.

Alors pour vivre ce jour spécial (même si c’est ta énième implantation), il faut le vivre avec quelqu’un de spécial :

une super amie, une cousine, ta mère, ton meilleur ami gay…..

Pour ma dernière TEC, moi j’ai fait coup double : ma belle-sœur qui est aussi une vieille copine (pas vieille).

Elle a posé sa demi-journée pour m’accompagner.

Ca n’est pas rien.

On se sent moins seul.

Tu arrives à l’hôpital avec ta "moitié". Les formalités vérifiées, tu patientes dans un cabinet tout simple (un lit gynéco) avec une chaise.

Et tu poireautes, en papotant, que le médecin arrive.

Faut se détendre.

Une fois là, selon les hopitaux, il peut ou non rester.

Ma belle-sœur est sortie ….bha ouais quand même…

Le replacement a l’air simple mais le médecin ne doit pas effleurer les parois du col, sinon il déclenchera des contractions qui feront louper l’implantation.

Ca serait ballot, après le mal qu’on s’est tous donné pour en arriver là ! (Je n’évoquerai même pas le coût de l’opération). Il a intérêt à être en forme et viser juste !

Selon ton âge et ta demande, on t’en replace un ou deux.

Trois, ca fait peur aux médecins.

Mais quand t’as dépassé les 35 ans, on en implante deux à l’aise, ça multiplie tes maigres chances (16% !!!!!!)...

L’ATTENTE

Là, t’es pas une dingue, tu te reposes.

T’as vu les efforts ? T’as vu ce que ta vie est devenue ? Couchée !!!!

Si tu veux faire du shopping, tu vas sur le net, c’est pas le moment d’aller faire du trek ou de chopper une grippe dans les ventilations des centres commerciaux (parce que y’a qui en journée là bas ? les vieux et les gens en arret maladie, alors tu restes chez toi !).

Fuis les réunions de famille avec des enfants ou des papis malades. Ca n’est pas du tout le moment pour les antibiotiques !

Et tu prends ton PROGESTAN G 200, 2 comprimés en intra-vaginal, 2 fois par jour pendant 20 jours (jusqu'à ta fausse couche ou ta confirmation de grossesse en fait).

Je vais pas te mentir, c'est une dose de cheval, ce médicament sert aussi en oral aux ménopausées ! Ca va te rendre très, très malade. Enfin, si t'as pas de bol et que t'es une fiotte comme moi.

LA FAUSSE COUCHE - FAIRE SON DEUIL

En général, là, ça tarde pas.....le PROGESTAN recule un peu l'échéance de 3 à 6 jours, mais ça ne tarde pas,

tu perds du sang version Vietnam ; parfois les hormones prolongent l’effet, l’embryon s’accroche, plusieurs jours, semaines, puis tombe….

Et là, c’est drame. Nouveau processus de deuil. La colère, la rage, puis l'abattement et la fatigue extrême qui te tombent dessus avec la même force que la dégringolade hormonale que tu subis.

C’est un événement qu’il ne faut pas minimiser.

On peut le vivre à deux, si Monsieur est impliqué, s’enfermer, partir à la campagne, aller se faire dorloter chez ses parents, faire un grand voyage, manger la boulangerie entière…

selon la façon dont on a besoin de faire ce deuil.

Mais là, t’es seule à te vider avec ta douleur et y’a pas grand-chose à faire.

Mais tu dois attendre la confirmation par une prise de sang. C'est le protocole.

Ultime et douloureux affront, parce que toi, tu sais bien que ça n’a pas marché, t’en est à ta 6eme serviette Super+ de la journée….Il faudra peut etre aussi repasser une écho pour vérifier qu'il ne faut pas faire un curetage.

Au début on ne peut pas parler. Ou alors c’est l’inverse mais il faut vider toute cette colère et cette détresse sur quelqu’un d’autre que ton mec ou ta mère. Il faut progresser et utiliser ces émotions pour guérir et panser ses blessures.

Te mens pas, ça ne s'oubliera pas.

chaque échec restera gravé dans ta peau comme une entaille, à ton coeur, à ton âme....

On peut choisir d’en parler à un proche, un médecin, un thérapeute, une association….

http://lenfantsansnom.free.fr/

Il y a groupes de parole et des forums sur Internet, comme celui de Psychologies.com

Parler, c’est déjà guérir. On transforme sa douleur en autre chose. On vide son sac.

Et on pleure tant qu’on veut. Jusqu’à ce qu’on soit sèche, tellement exténuée qu’on en est assommée.

Il faut du calme, du sommeil. Il faut se retaper et penser à l’avenir. C’est quoi la prochaine étape ?

Il va falloir se donner du temps, quelques semaines/mois/années (mais pas trop quand même), pour réfléchir à l’orientation que l’on veut donner à sa vie : Il y a plusieurs options.

Recommencer ? As-tu la force d’encaisser un nouvel échec ?

Passer à autre chose ? Et faire de nouveaux projets…après tout c’est vrai, avec Chéri vous avez tellement d’autres choses mises entre parenthèses à cause de ce foutu traitement!

Partir ? Une nouvelle vie t’attend ailleurs, sans souffrance, c’est sûr ! Au bout d’un moment, on ne perçoit plus clairement l’issue de cette histoire. On peut aller se reconstruire ailleurs ; Différemment.

C’est toi qui voit ! En général c’est vite vu !

Sitôt la fausse couche terminée, certaines rempilent à l’hôpital direct pour la 9 ème ou 10 ème fois…il parait qu'enchaîner est plus efficace;

mais tu vas finir en loque, carpette.

ANALYSES DE CONFIRMATION

Tu as tes ordonnances pour les 2 prises de sans. A j+ … et j+…. Tu fais des tests sanguins beta HCG pour confirmer que tu es bien enceinte ; ou confirmer que pas du tout (en même temps, vu la taille de tes serviettes périodiques t’es pas conne, le message est passé).

Mais là, on va sauter les échecs précédents, la haine du monde et les litres de larmes versées; parce que la phase de reconstruction est une étape plus ou moins longue et chiante, accompagnée de réflexions en tout genre, assez destructrices, qu'il ne vaut mieux pas partager sur un blog.

Mais tout cela même à un processus de reconstruction, débouchant sur une nouvelle vie ou de nouvelles tentatives.

Elles mèneront certainement (vu que tu n'as JAMAIS gagné à l'Euromillion) à la victoire de ton 16 % :

LA BONNE NOUVELLE

Mais ça a fonctionné ! C’est juste impensable. Tentative n°X , qui avait 15% de chance de vivre est accrochée là, dans ton utérus.

Ce jour là, il fallait aller jouer au Quinté avec la belle sœur avant d’aller faire l’implantation !

C’est tellement improbable que tu n’y crois pas. En même temps les seins comme des baudruches et les nausées genre intoxication alimentaire, tu te doutes un peu…

On ne bouge plus, on fuit les gens qui coulent du nez, il faut que Tentative X ait envie de rester !

Pour vérifier que tout se développe correctement, après ta 2eme prise de sang de confirmation, tu passes une ECHO DE CONTROLE.

A 7 semaines et 3 jours : On entend un cœur ! Mais ?! Il n’y en a qu’un. Qu’est devenu le deuxième ?

Il est là, à côté du gros qui bouge. Le gros fait 11,5 mm de long et 144 battements minute !

Il est là l'autre, le petit, on le voit sur le moniteur ; il est plus petit c'est vrai , il ne bouge pas, il est tout gris. …un "petit écho embryonnaire non évolutif". Ca résonne comme une annonce de décès.

Tentative X a un cœur, mais plus de petit frère…

Il restera là, et se poussera au fur et à mesure que l’autre grandira. Peu a peu il sera complètement écrasé et on ne le verra plus sur l’écho. Tentative X est tout seul maintenant.

Tu dis adieu à la poussette double que tu avais déjà repéré sur le net.

C’est un triste spectacle, mais aussi une belle victoire.

Alors bien sûr on ne saute pas de joie. Cette joie, elle va grandir doucement ; c’est un cadeau auquel on a du mal croire. On se méfie pas mal, on en a tellement chié !

Un peu comme si on t’annonçait que tu avais gagné au Loto (tu vois finalement, le Quinté, c’était ça !). Mais il y a ce fœtus qui gigote sur l’écran, dont le cœur bat à toute allure.

Et cette envie de vomiiiiir !!!! Avec ça, t’es sûre, il est là. Si seulement je pouvais arrêter le PROGESTAN, je saurai qui me rend malade comme ça !

On prend tout en pleine tête.

Tous ces longs mois d’une organisation de folie, les heures d’attente au labo d’analyses, le nombre de trous dans ton bide (rhooo la passoire !), toute cette rage et ce désespoir accumulés, cette solitude dans toutes ces étapes, tous ces gens à qui j’ai montré ma touffe et tout ce qu’il y ont fait entrer, les engueulades avec la famille, les bouderies à mon mec, ces tentations de tout plaquer, partir loin, tout ce temps perdu, ces larmes…….ça a été un taff monstre, une lutte et une discipline hyper rigide quotidienne, c’est usant …mais à la fin….. ça arrive.

Mais t’es tellement à bout que ça gâche un peu cette découverte, t’as tellement bossé que t’as l’impression d’avoir passé ton bac une deuxième fois, mais sans les félicitations….Mais, fini les rattrapages ! T’es crevée, heureuse et sceptique.

Il faut que Tentative X ait envie de rester encore un peu avec moi. Sait-on jamais, 9 mois ?